cARTed Series n.033 - octobre 1996 - Le Havre

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C'est si mauvais qu'on s'active à se décoller du sol, à se transporter une heure plus tard ou quelques kilomètres plus loin.
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Pourquoi ne tient-il pas salon avec ses camarades autour d'un piano plutôt que de courir vers moi avec ce sale rire cuivré ?
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Dans l'attente, il n'y a plus rien à envisager ou à redouter.
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A quoi bon trouver à s'occuper ? A quand la fin de ce spectacle ?
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Une vive lueur nous éclaire.
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un ciel de fête.
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Des pinceaux de lumière, quel tableau.
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La rencontre des corps.
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Ca y est on n'entend plus rien, tout le monde applaudit, bien joué l'artiste.
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Il s'est couché devant moi avec son clairon et l'air de me faire une prière. Viens. Viens, lui ai-je dit dans ma langue. Il toussait à n'en plus finir et se retournait pour chercher les siens, mais on ne voyait déjà plus au loin que quelques dos.
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Et puis après tout, que proposer à ce musicien inconnu ?
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Il est toujours temps de le tuer, qui me le reprochera ?
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Non, laissons-le improviser.
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S'il était en plomb ou en aluminium, il deviendrait sans doute un bout de tuyau ou une casserole, mais là, en viande et en cuivre, il ne donnera guère que du terreau mélangé à un oxyde très mauvais pour les plantes.
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Il est toujours là, quel poids, peut-être attend-il un rappel.
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ou alors ses tomates.
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carte postale de Laurent Tixador

LAURENT TIXADOR 1996

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Arrêtons-nous un instant...
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celui-la regarde, dans les reflets de son instrument, ses compagnons transportés par la musique.
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Bientôt, c'est devant lui qu'il devra faire attention.
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Il nous fait juste lever l'oeil.